Let there be light
Let there be light (Que la lumière soit) est un documentaire de John Huston réalisé en 1946 qui traite des traumatismes psychiques des soldats américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (55 mn, noir et blanc, anglais sous-titré français.)
Réalisé en 1946 pour le centre cinématographique de l’armée américaine, ce documentaire a été censuré pendant 35 ans aux Etats Unis avant d’être présenté à Cannes en 1981 dans la sélection « Un certain regard ». Au visionnage, on peut se demander pourquoi il a été interdit si longtemps puisqu’il montre le succès des soins prodigués aux vétérans, contribuant ainsi à la propagande à sa façon.
John Huston a tourné " Let there be light " en 1946 dans un centre hospitalier américain. Cet hopital y accueillait les troupes revenues de la guerre afin de les soigner des nombreuses séquelles dues aux traumatismes vécues durant les combats. Le film, sorti en 1980, n'avait pu jusque-là faire face à la censure car il apportait une vision beaucoup moins héroïque de l'impact de la guerre sur les soldats américains que celle colportée par la propagande de l'état.
John Huston précise dès le début qu'il tourne un documentaire et non une œuvre de fiction. Il fait bien car à la vue de ces victimes, on ne cesse de croire à un film de cinéma. La manière qu'il a de filmer les séances chez les psychiatres y est aussi pour beaucoup, usant de trois plans à chaque fois. Vue d'ensemble puis zoom sur les visages des médecins et du patient. Les troubles décrits sont tous de source psychologique même s'ils se traduisent de manière physique : angoisse, amnésie, perte de la parole, cauchemars, paralysie, dépression, etc.
Huston filme donc durant plus de dix semaines la convalescence suivie des progrès assez nets des anciens soldats. Même si le but est de montrer une fois de plus les conséquences tragiques et cauchemardesques de toute guerre, ce documentaire, du reste sans commentaire du réalisateur, s'occupe de traiter simplement quelques moments de rééducation des soldats redevenus civils. Séances chez le psychiatre, discours des médecins, moments de détente, de sport, interventions médicales, etc.
Mais on ne peut s'empêcher d'y voir un traitement assez conforme au discours politique prodigué par les médecins et les instances de l'époque. En effet, même si Huston traite de façon brutale les troubles psychiques des patients et les séances médicales dont certaines sont pratiquées par voie médicamenteuse, il clôt son chapitre sur une espèce de un «happy end» où l'on voit nos anciens malades guéris, pleins de vies, sourire aux lèvres et quittant en bus l'hôpital comme s'ils quittaient une colonie de vacances leur diplôme de boy-scout en main.
Le discours final du médecin-chef évoquant la vie qui les attend, et le fait qu'ils sont maintenant adaptés à la société américaine où il faudra se battre aussi, différemment, mais se faire accepter auprès des patrons au même titre que les autres, peut prêter à inquiétudes. Mais Huston ne donne pas de clefs, et se refuse toute interprétation. Il a toutefois le mérite de s'intéresser au côté noir de l'héroïsme de ces gens au moment où tout le monde fêtait la puissance militaire et libératrice américaine. En cela, sa démarche est courageuse, et son film, extrêmement important !
John Marcellus Huston, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis, est un réalisateur américain de cinéma.
Boxeur professionnel dans les années 1920, il a commencé sa carrière en 1930 en tant que scénariste pour Samuel Goldwyn. Il a surtout réalisé des films à partir de pièces et de livres à succès. Outre ses activités de dialoguiste, de scénariste puis de metteur en scène, il a également joué dans de nombreux films, à partir des années 1960, notamment dans The Cardinal, d'Otto Preminger et dans Chinatown, de Roman Polanski.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il est mobilisé dans l'équipe des cinéastes militaires de l'U.S. Army, sous la direction de Frank Capra. Là, il réalise coup sur coup trois documentaires dont on a pu dire qu'ils étaient le plus beau témoignage sur le deuxième conflit mondial. Il faut surtout retenir Que la lumière soit (Let there be light) (1946), document capital sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre. Ces images insoutenables sont rapidement interdites et l'on ne reverra le film que lors du Festival de Cannes 1981 dans la section Un certain regard. Durant cette expérience, le réalisateur américain s'initiera aux techniques de l'hypnose et, de fait, se familiarisera avec l'oeuvre de Freud. En 1962, avec Freud, passions secrètes il réalisera non pas une biographie du père de la psychanalyse, mais surtout une introduction et un plaidoyer en faveur d'une aventure autant idéologique que scientifique.
John Huston eut 3 pays : les États-Unis, le Mexique (il s'engagea dans la cavalerie révolutionnaire aux côtés de Pancho Villa) et l'Irlande, où il s'expatria au cours des années cinquante et à qui il rendit, mourant, un dernier hommage dans Gens de Dublin (The Dead), d'après James Joyce.
Le comportement de John Huston durant le tournage de L'Odyssée de l'African Queen inspira Peter Viertel, le co-scénariste du film, pour l'écriture de son roman Chasseur blanc, cœur noir (White Hunter Black Heart), roman qu'adaptera au cinéma, sous le même titre, Clint Eastwood en 1990. Un trait commun à nombre de ses films réside dans l'échec final du personnage principal, à tel point qu'on a pu parler d'une thématique « hustonienne » de l'échec (cependant, l'échec n'est pas l'important pour Huston; ce qui importe, c'est l'aventure en elle-même, plus que le but qu'elle poursuit).
Réalisé en 1946 pour le centre cinématographique de l’armée américaine, ce documentaire a été censuré pendant 35 ans aux Etats Unis avant d’être présenté à Cannes en 1981 dans la sélection « Un certain regard ». Au visionnage, on peut se demander pourquoi il a été interdit si longtemps puisqu’il montre le succès des soins prodigués aux vétérans, contribuant ainsi à la propagande à sa façon.
John Huston a tourné " Let there be light " en 1946 dans un centre hospitalier américain. Cet hopital y accueillait les troupes revenues de la guerre afin de les soigner des nombreuses séquelles dues aux traumatismes vécues durant les combats. Le film, sorti en 1980, n'avait pu jusque-là faire face à la censure car il apportait une vision beaucoup moins héroïque de l'impact de la guerre sur les soldats américains que celle colportée par la propagande de l'état.
John Huston précise dès le début qu'il tourne un documentaire et non une œuvre de fiction. Il fait bien car à la vue de ces victimes, on ne cesse de croire à un film de cinéma. La manière qu'il a de filmer les séances chez les psychiatres y est aussi pour beaucoup, usant de trois plans à chaque fois. Vue d'ensemble puis zoom sur les visages des médecins et du patient. Les troubles décrits sont tous de source psychologique même s'ils se traduisent de manière physique : angoisse, amnésie, perte de la parole, cauchemars, paralysie, dépression, etc.
Huston filme donc durant plus de dix semaines la convalescence suivie des progrès assez nets des anciens soldats. Même si le but est de montrer une fois de plus les conséquences tragiques et cauchemardesques de toute guerre, ce documentaire, du reste sans commentaire du réalisateur, s'occupe de traiter simplement quelques moments de rééducation des soldats redevenus civils. Séances chez le psychiatre, discours des médecins, moments de détente, de sport, interventions médicales, etc.
Mais on ne peut s'empêcher d'y voir un traitement assez conforme au discours politique prodigué par les médecins et les instances de l'époque. En effet, même si Huston traite de façon brutale les troubles psychiques des patients et les séances médicales dont certaines sont pratiquées par voie médicamenteuse, il clôt son chapitre sur une espèce de un «happy end» où l'on voit nos anciens malades guéris, pleins de vies, sourire aux lèvres et quittant en bus l'hôpital comme s'ils quittaient une colonie de vacances leur diplôme de boy-scout en main.
Le discours final du médecin-chef évoquant la vie qui les attend, et le fait qu'ils sont maintenant adaptés à la société américaine où il faudra se battre aussi, différemment, mais se faire accepter auprès des patrons au même titre que les autres, peut prêter à inquiétudes. Mais Huston ne donne pas de clefs, et se refuse toute interprétation. Il a toutefois le mérite de s'intéresser au côté noir de l'héroïsme de ces gens au moment où tout le monde fêtait la puissance militaire et libératrice américaine. En cela, sa démarche est courageuse, et son film, extrêmement important !
John Marcellus Huston, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis, est un réalisateur américain de cinéma.
Boxeur professionnel dans les années 1920, il a commencé sa carrière en 1930 en tant que scénariste pour Samuel Goldwyn. Il a surtout réalisé des films à partir de pièces et de livres à succès. Outre ses activités de dialoguiste, de scénariste puis de metteur en scène, il a également joué dans de nombreux films, à partir des années 1960, notamment dans The Cardinal, d'Otto Preminger et dans Chinatown, de Roman Polanski.
John Huston et Jack Nicholson
John Huston et Faye Dunaway
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il est mobilisé dans l'équipe des cinéastes militaires de l'U.S. Army, sous la direction de Frank Capra. Là, il réalise coup sur coup trois documentaires dont on a pu dire qu'ils étaient le plus beau témoignage sur le deuxième conflit mondial. Il faut surtout retenir Que la lumière soit (Let there be light) (1946), document capital sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre. Ces images insoutenables sont rapidement interdites et l'on ne reverra le film que lors du Festival de Cannes 1981 dans la section Un certain regard. Durant cette expérience, le réalisateur américain s'initiera aux techniques de l'hypnose et, de fait, se familiarisera avec l'oeuvre de Freud. En 1962, avec Freud, passions secrètes il réalisera non pas une biographie du père de la psychanalyse, mais surtout une introduction et un plaidoyer en faveur d'une aventure autant idéologique que scientifique.
John Huston eut 3 pays : les États-Unis, le Mexique (il s'engagea dans la cavalerie révolutionnaire aux côtés de Pancho Villa) et l'Irlande, où il s'expatria au cours des années cinquante et à qui il rendit, mourant, un dernier hommage dans Gens de Dublin (The Dead), d'après James Joyce.
Le comportement de John Huston durant le tournage de L'Odyssée de l'African Queen inspira Peter Viertel, le co-scénariste du film, pour l'écriture de son roman Chasseur blanc, cœur noir (White Hunter Black Heart), roman qu'adaptera au cinéma, sous le même titre, Clint Eastwood en 1990. Un trait commun à nombre de ses films réside dans l'échec final du personnage principal, à tel point qu'on a pu parler d'une thématique « hustonienne » de l'échec (cependant, l'échec n'est pas l'important pour Huston; ce qui importe, c'est l'aventure en elle-même, plus que le but qu'elle poursuit).
Il est le fils de l'acteur Walter Huston, qu'il dirigea dans Le Trésor de la Sierra Madre pour lequel, fait exceptionnel, John Huston remporta l'Oscar du meilleur réalisateur (ainsi que celui du scénario) et son père celui du meilleur acteur dans un second rôle. Il est le père d'Anjelica Huston (qu'il dirigea à plusieurs reprises) et de Danny Huston, tous deux également acteurs et réalisateurs.
Il repose au Hollywood Forever Cemetery.
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